AQUARELLE • technique du grattage et rais de pluie

Toujours de saison, étudions aujourd'hui la pluie... et plus particulièrement l'impression que nous pouvons avoir, en observant une averse de loin, de voir des "rais" de pluie s'abattre sur le paysage en longues lignes sombres, comme des hachures parallèles sur le ciel.

Mais avant cela, intéressons-nous à ce que j'appelle la technique du grattage, ou comment venir altérer la fibre du papier pour qu'elle absorbe mieux les pigments que nous y déposons.

Pour cela, nous allons tirer partie du fait que la fibre du papier se fragilise dès lors que nous l'humidifions. Nous avons probablement déjà tou·te·s essayé de gommer un papier encore humide...et de voir de petits fragments de cellulose s'arracher à la surface.

Au lieu de chercher à déchirer le papier, nous allons seulement profiter de cette fragilité provisoire pour en écraser la fibre, ce qui aura pour effet de la rendre plus absorbante. L'aquarelle alors déposée sera plus intense là où le papier aura été "creusé" que sur la surface alentour.

Pour essayer ce phénomène, nous avons deux options :

→ nous humidifions la surface du papier avec de l'eau, comme pour travailler en surface humide. Avec un outil, nous venons dessiner sur ladite surface. Lorsque nous sommes sastisfait·e·s du dessin effectué (et, idéalement, avant que le papier n'ait eu le temps de sécher), nous allons venir déposer de l'aquarelle et observer comment la couleur réagit.

→ il est également possible d'appliquer directement l'aquarelle, en technique sèche. C'est seulement alors que nous venir "gratter" le papier avec un outil. Ici, l'effet sera immédiat. Dès le trait tracé, nous le verrons prendre une teinte plus soutenue que le papier alentour, non creusé.

Nous allons également essayer plusieurs outils, afin de voir les avantages et inconvénients de chacun. Ces outils seront classés en fonction de leur matière, chaque catégorie pouvant se décliner en plusieurs épaisseurs, formes. Nous utiliserons successivement du plastique, du bois et du métal.

Nous allons commencer avec un outil en plastique. Ici, j'ai choisi un couteau "jetable" qui est un accessoire qui se révèle souvent utile : nous pouvons dessiner un trait unique avec la pointe ou choisir d'user des "dents" pour avoir plusieurs traits parallèles.
 

Le plastique (il est nécessaire qu'il soit un minimum rigide) va permettre de dessiner des marques précises et relativement intenses.

Si il y a bien un outil que nous avons à disposition, c'est notre pinceau. Pour cette deuxième expérimentation, nous allons nous servir du côté "manche" de notre accessoire. Plus largement, il est possible d'utiliser du bois, plus ou moins épointé. Attention cependant à ne pas le tailler trop pointu si vous fabriquez votre propre outil (il y a un risque qu'il vienne percer le papier).
 

Le pinceau est assez agréable à utiliser, notamment dans la gestuelle. Il laisse une marque, moins profonde, moins intense que le plastique. Il peut permettre d'esquisser des tracés plus discrets.

Enfin, nous allons dégainer un outil en métal (un couvert, ou, comme ici, la petite fermeture en métal des paquets de pain de mie).
 

De toutes les options, le métal est celle qui offre le contraste d'intensité le plus saisissant. Aussi performant soit-il, il possède néanmoins le très net risque de venir griffer trop fortement le papier et de le déchirer.. Sur l'exemple ci-dessus, on aperçoit quelques points blancs sur la deuxième ligne intense en partant de la gauche). Si l'effet est recherché, tant mieux, mais nous risquons parfois d'abîmer le papier de façon irrémédiable. A utiliser avec précaution, donc.

Comme annoncé plus haut, cette technique du "grattage" peut avoir de nombreuses applications.

Nous pouvons notamment l'utiliser pour simuler une averse de pluie, au lointain.

Pour ce faire, nous allons faire un ou deux tests dans le carnet répertoire, en esquissant un ciel sombre et une bande de terre, sans souci de netteté. Sur l'espace intermédiaire entre nuages et sol, nous allons pouvoir essayer de gratter le papier afin d'y dessiner de longs traits parallèles et sombres.

Ne cherchons pas alors à faire preuve d'un grand réalisme, mais juste d'étudier comment cette technique peut effectivement suggérer une averse.

Et la Mise en Application ?

Si cette technique pour suggérer des "rais de pluie" vous intéressent, voici quelques visuels avec lesquels tenter l'aventure de façon un peu plus poussée.

Mais le "grattage" peut également permettre de représenter tout détail fin qui nécessite d'être plus intense que la zone qui l'entoure, et pour lequel le travail au pinceau risque de manquer de finesse. Ce sera par exemple le cas des nervures d'une feuilles d'automne, des détails d'une tasse ou des rainures du bois.

Je vous propose une petite sélection de modèles ci-dessous mais n'hésitez pas à partir en quête de vos propres sources d'inspiration.

A vos pinceaux !